Rolling in the Alps : le film
https://www.youtube.com/watch?v=t5Ravy6wviE
Plusieurs circuits existent pour traverser les Alpes à VTT : tout dépend du lieu de départ, de larrivée, et surtout du temps que lon se donne. Avec le recul, la difficulté dun circuit se mesure principalement par le « roulant » du sentier : celui qui se lance dans une telle aventure doit savoir quil y aura des moments de doutes, quelques gouttes de transpiration et de grandes joies. Je pars dune feuille blanche et je résous une équation simple : mes vacances représentent 30 jours, soit environ 1200 kils à raison de 40 km / jour. Ensuite, je prends une carte, choisis des massifs et place deux points : un départ de Genève et une arrivée à Nice : un voyage international en quelque sorte
Sur le papier, laventure a de la gueule. Mais la feuille devient rapidement un brouillon illisible. Je trace des courbes, inscris des annotations, fais des croix, des ronds et des ratures. Litinéraire prend forme, avec une incohérence majeure dès le début du parcours. Le voyage qui est en théorie une ligne droite nord / sud devient un tracé aléatoire qui part plein nord pour les premiers kilomètres. Pour garder le bon cap, je prends donc une boussole, quelques grammes de plus sur un VTT qui pèse plus de 30 kilos.
Je pars avec Valérie, mon binôme de toujours le 14 juillet 2014. A deux, nous parcourons les vallées et grimpons des cols mythiques : au cumul, cest 34000 mètres de dénivelé positif. La tente et nos sacoches bien remplies sont accrochées sur les vélos : nous avons une autonomie jusquà quatre jours, nous permettant de ravitailler dans les villages éloignés en pleine montagne. Le vélo est prêt, les jambes aussi.
Laventure commence dans le Jura suisse, histoire de ne pas se mettre dans le rouge dès le départ. Le Creux du Van est une envie irrésistible que la pluie des premiers jours ne freine pas, sauf quant il faut sabriter pendant les averses dans des toilettes publics ou des églises. Il est bon de se soulager dans ces moments dinfortune. Les bouquetins de 6 heures du matin et les couleurs du lever de soleil à la croix du Soliat valent ce détour de 250 kils. Le retour par le lac de Neuchâtel est une véritable épopée : le passage est impraticable avec des troncs en travers, des lianes, des ronces. On avance mètre par mètre dans cette jungle, les pieds baignent dans 20 cm de boue. Le sol na pas encore absorbé les dernières pluies.
Pour rejoindre Chamonix, nous grimpons par Salvan et Finhaut, la piste forestière est creusée dans la roche. Les virages qui nous font monter toujours haut donnent le tournis et affolent laltimètre. Les quelques pauses salvatrices détendent les jambes et les bras, surtout que fraises des bois et myrtilles clignotent sur le bord du chemin. La descente du col des Montets se fait sous une pluie battante, il fait froid et nous sommes complètement trempés. Ces conditions sont pour moi les plus difficiles à supporter : en itinérance, il est impossible de faire sécher correctement ses affaires (surtout les chaussures). Je débarque à Chamonix en tongues et pancho jaune canari, donnant un peu de couleurs vives à ce temps grisâtre. Le Mont-Blanc est dans les nuages, nous ne le verrons pas.
Un épais brouillard nous stoppe dans notre élan, nous obligeant à passer une seconde nuit en refuge, mais le Beaufortin nous réserve une belle surprise au réveil : un grand ciel bleu. Le Mont-Blanc se dresse devant nous toujours aussi majestueux et la Pierra Menta se reflète dans les eaux turquoises du lac de Roselend. Après 3 cols à plus de 2300 mètres, nous retrouvons la vallée de la Tarentaise avec une descente exceptionnelle : 2700 mètres de dénivelé négatif en une seule journée, le rêve !
Nous repartons propres (cela ne pas durer ) pour le plateau dEmparis, face au massif des Ecrins où les sommets flirtent avec les 4000 mètres. Lendroit se prête bien au VTT, les singles sont très roulants avec des paysages toujours plus beaux. Parfois les descentes sont assez techniques surtout avec les sacoches sur la fourche avant : le vélo trop lourd prend des directions complètement délirantes, je lutte sans cesse pour dompter ma machine qui peut memporter dans le fossé à chaque seconde dinattention.
Après une traversée rapide de Briançon, histoire de remplir les sacoches, nous poursuivons par Cervières et le col de lIzoard. Les paysages changent à chaque coup de pédale, la végétation sadapte aux reliefs du Queyras. La douce odeur des pins et les mélèzes nous chatouille les narines : nous entrons véritablement dans le sud de la France. Avec deux cols franchis, cette journée est la plus grimpante avec plus de 2100 mètres de positif cumulé. Comme toujours, le voyage est ponctué par des rencontres improbables au milieu de nulle part, nous trouvons un abri à 2000 mètres daltitude car le temps menace. Cinq étudiants nous y attendent avec des saucisses, des côtelettes de porc, de la salade verte, des bières, et jen passe. Nous navons pas mangé un tel festin depuis 20 jours : nous sommes affamés. Finalement, la nuit est étoilée ; cest le Mont Viso au loin qui subit les affres de la foudre.
Pour rejoindre le col de lArche et la vallée de la Stura, il faut remonter lUbayette ; le sentier est vertigineux avant quil ne soit complètement inexistant : un éboulement de pierre la complètement emporté. Il ny a quune seule solution, traverser le ruisseau dans 60 cm deau et un fort courant, gare de ne pas lâcher les vélos. Une fois en Italie, les choses sérieuses commencent avec lascension du col Becco Rosso, à 2260 m. Ce nest pas laltitude qui a posé problème, mais la pente très cassante Pour la première, nous sommes fatigués, les jambes sont lourdes, le vélo devient un boulet qui faut pousser à bout de bras, le moral ny est plus pendant les trois heures de grimpette. Au sommet, une longue pause se décrète : nous sommes amorphes malgré les champs de myrtilles qui nous entourent. La descente est nettement plus réjouissante, les batteries sont rechargées à 100%.
Même si le vallon de Casterino est globalement descendant jusquà Tende, la matinée est difficile, dur de pédaler. Il y a des jours où le corps ne répond pas comme on le souhaite. Les petites pauses se multiplient et cassent un peu plus le rythme. Tout est prétexte pour sarrêter : photo, fraises des bois, boisson ou gâteau, boisson et gâteau, papotage, etc. Il faut dire que lendroit est sublime : le parc du Mercantour et la vallée des Merveilles sont en face de nous. Après la Brigue, nous remontons laborieusement vers la Baisse de Sanson : cette fois, cest Val qui donne le rythme. Aucun endroit pour poser la tente, alors obligés de continuer à une vitesse de 4 km / heure, autant dire que je serai monté plus vite à pied.
Ce matin, il faut se lever tôt, voire très tôt pour voir le soleil. A partir de 6 heures 30, le ciel sassombrit déjà. A peine le temps de mettre les fesses sur la selle quil pleut un peu, beaucoup, passionnément. Par chance, labri de Muratone nous protège, enfin je devrais dire un bout de tôle, car limmense refuge de Muratone est fermé. Les bidons posés sous une gouttière se remplissent deau de pluie en quelques minutes et sont lunique distraction du moment. Histoire de passer le temps et de se réchauffer, nous faisons du thé à la menthe, nos réserves de café soluble sont épuisées depuis plusieurs jours comme nos rations de nourriture. Il nous reste un bout de fromage et une boite de sardines.
Après Sospel, nous grimpons notre dernier col, le Razet culminant à 1032 mètres, un monstre ! Les sentiers sont très roulants, cest le bonheur. Nous sommes excités par notre arrivée, à la fois heureux davoir réaliser un si beau voyage, riche en émotions et en sensations, mais un peu triste de ne pas pouvoir continuer la route, même si aujourdhui, il ny a plus de route, cest la mer qui est devant nous
https://www.youtube.com/watch?v=t5Ravy6wviE
HD1080 16:9 MPG4 h264
Durée/duration : 26 min
Langue/language : FR /French
Sst/subtitles : Anglais/English
Master DVD : 3,1 Go
17200 Kbits/sec
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Accompagnateur en Montagne
diplômé d'Etat