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#1 Transalpes
#2 Paradis
suisse
#3 Dolomites #4
Balkans
#1 Traversée
des Alpes à VTT
Grande traversée des Alpes à
VTT : Genève / Nice
30 étapes, 1170 km & 34000 md+
L'envie d'itinérance
en montagne est née dans les Carpates, en Roumanie
: ce fut une véritable révélation après
avoir parcouru le Danube jusqu'à son delta. Le contraste
entre ces deux types de voyages fut saisissant : assez des
longues lignes droites monotones, les horizons plats et infinis...
Place aux reliefs, aux virages, à l'aventure à
l'état brut. Quel coup de foudre : grimper des cols,
évoluer sur des routes introuvables sur des cartes,
vivre des situations inexplicables et rencontrer des gens
incroyables au milieu de nulle part ! Ce séjour dans
les Carpates a encore un peu plus changé ma façon
de vivre l'itinérance.
"Transalpes" est le premier épisode
d'une saga qui nous conduira à traverser intégralement
l'arc alpin à vélo (Nice, Genève, Saint-Moritz,
Cortina d'Ampezzo, Ljubljana... Istanbul). Quitter le bitume
pour le chemin : c'est véritablement changer de monde
! L'aventure de cette quadrilogie (encore plus forte que la
Guerre des Etoiles) commence entre Genève et Nice.
En 2015 sort le film Rolling in the
Alps, un documentaire de 26 minutes relatant ce périple
: gros succès puisque le film est passé dans
plus de 30 festivals et a remporté deux prix (incroyable
pour un film monté avec 2 bouts de ficelle) !
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ETAPE 1
Genève - Chanelaz
0 km / 0 md+ / 0 md- |
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Juillet. Pour l'instant tout va bien,
le train entre Lyon et Genève est à l'heure, je
suis prêt. Propre, bien rasé, sec malgré la
pluie du matin. J'ai toujours le sourire et les sacoches débordent
de bonnes choses à manger. Je suis partagé entre
l'excitation du départ et l'appréhension du "voyage".
Je cogite et regarde par la fenêtre : le décor défile
à vive allure, je profite du calme, même si le train
secoue dans tous les sens. Val est prête également,
ses sacoches sont plus grosses que les miennes, j'ai eu du mal
à soulever son vélo pour le faire rentrer dans le
train... Ca promet ! L'avantage de partir de Genève est
que les premiers kils au bord du lac sont faciles : tout est plat
! Je me souviens être passer par là lors de mon premier
voyage cyclotouristique sur les bords du Rhône. Très
vite, le tourisme urbain s'arrête pour la découverte
du Jura plus au Nord !
Les bords du lac Léman sont
toujours agréables, la balade "du dimanche" se
prolonge jusqu'à Nyon, entrecoupée de petites pauses
dans des toilettes publics... les averses nous jouent des tours.
La première côte pour rejoindre Begnins est étonnamment
difficile, les jambes grippent un peu et le souffle est court.
Le temps se dégage au fil de l'ascension : la vue sur le
Léman est sublime, même si le Mont Blanc en toile
de fond reste dans les nuages. On quitte peu à peu la civilisation
pour pénétrer les sombres forêts du Jura suisse
: les arbres nous protègent des gouttes dans un premier
temps, mais il faut se résoudre à poser le premier
bivouac à l'abri d'un bungalow. Le dîner est royal...
sur des chaises et une table ! Ce soir, nous dormons au sec.
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ETAPE 2
Chanelaz - Creux-du-Van
95,2 km / 1988 md+ / 211
md-
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Le réveil est humide, la route détrempée.
On grimpe les 300 derniers mètres de dénivelé
pour atteindre la combe d'Amburnex à 1300 m d'altitude,
au coeur du Parc naturel régional Jura vaudois. L'endroit
est féerique, surtout pour les cyclotouristes : il n'y
a aucune difficulté sur les 8 km de ligne droite. Les paysages
alternent entre forêts mystiques et pâturages verdoyants
entrecoupés de petits murs de pierres sèches. Quelques
vaches se baladent au milieu de la route, ambiance campagne !
Après avoir passé notre premier col, le Marchauruz
à 1446 m, nous plongeons dans la vallée de Joux
et longeons le lac. La belle Dent de Vaulion pointe son nez devant
nous, mais rapidement un rideau de pluie nous rattrape par le
sud. Le contraste est splendide : on prend le temps d'admirer
ce mélange de couleurs grisâtres confortablement
installés sous les toits de l'Abbaye. Mais l'envie de reprendre
la route est plus forte : on repart sous quelques gouttes. A peine
le temps de prendre une photo au col du Mont d'Orzeires, 1061
m, que la pluie s'abat littéralement sur nous. Aucun abri
pour se réfugier : les souris sont prises au piège
! On est rincés en quelques secondes, les roues projettent
de l'eau sous le poncho... mouillés dessus, mouillés
dessous, la totale. Les chaussures sont à essorer ! Plus
besoin de douche... La visite de Vallorbe se fait aussi vite que
l'éclair, tout comme la pause déjeuner sur un tronc,
les pieds dans la boue. A partir de Sainte-Croix, le ciel bleu
revient, on quitte la gadoue pour une belle route de montagne.
Direction le Val de Travers par les crêtes.
La fin de journée monte un peu, puis beaucoup...
puis passionnément sur un terrain herbeux. Nous dormons
sur les hauteurs du Creux du Van, un cirque rocheux calcaire en
forme de fer à cheval façonné par l'érosion
de l'eau et de la glace. A 1400 mètres d'altitude, la vue
panoramique est à couper le souffle. Je repense à
l'itinéraire choisi : traverser les Alpes de Genève
à Nice en passant par le Jura n'est pas très "logique"...
mais les 250 premiers kilomètres (3 jours de détour)
pour poser le bivouac à cet endroit valent le coup. L'instant
est mémorable.
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ETAPE 3
Creux-du-Van
- Suchy
93,5 km /
660 md+ / 1528 md-
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6 heures du matin et quel spectacle...
même pas le temps d'enfiler un short que je suis déjà
dehors pour photographier le lever de soleil : les couleurs sont
bluffantes. Quatre bouquetins se plantent à quelques mètres
devant la tente : l'un d'entre eux fait des sauts pour s'octroyer
un bout de terrain. Je l'observe avec bonheur mastiquer frénétiquement
cette herbe bien grasse. C'est la première journée
ensoleillée, il fait bon rouler en t-shirt dès le
matin, surtout que 1000 mètres de dénivelé
négatif nous attendent pour rejoindre le lac de Neuchâtel
et ses eaux bleues turquoises. Val qui rêvait de passer
ses vacances au bord de la mer... la voilà comblée
! La matinée devient très urbaine... Les bords du
lac sont denses, en travaux. Trop de béton, trop de bruits,
trop de voitures ! La suite du programme fait partie de ces moments
inoubliables : nous traversons une véritable jungle vers
Cudrefin. Nous sommes sur l'autre rive du lac, plein Sud, et le
sentier est parsemé d'embûches : des troncs, des
lianes, des arbustes piquants, de la boue jusqu'aux chevilles.
Rebrousser chemin est sous doute préférable, mais
nous continuons à patauger dans 20 cm de boue sur plusieurs
centaines de mètres pour rejoindre une petite route On
pousse le vélo à bout de bras. Epopée mémorable
!
On pose la tente sur les hauteurs
de Suchy, face au Mont Blanc. Un luxe qui n'a pas de prix ! La
soirée est paisible au soleil, en pleine campagne. Comme
dirait la chanson, c'est un jour de plus au paradis. Tous ces
efforts trouvent un sens lors de ces soirées magiques et
contemplatives. Il suffit d'ouvrir les yeux pour admirer cette
beauté, il suffit d'écouter pour entendre cette
nature, il suffit de sentir le vent. Plus que jamais, ce soir,
je suis vivant !
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ETAPE 4
Suchy - Villeneuve
63,5 km / 375 md+ / 1491 md-
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La matinée est resplendissante.
Le soleil a la ferme intention de nous accompagner aujourd'hui
et le Mont Blanc nous observe d'un oeil attentif ! Pas ou peu
de montée, que de la descente cheveux au vent, le bonheur
! Pour rejoindre le lac Léman, la direction est facile
: il faut rouler plein Sud en traversant de petits villages.
Je reviens à Lausanne avec une certaine émotion
: j'aime toujours autant la Suisse, moi ! Tout d'un coup, c'est
le drame ! Les fixations du porte-bagages sur la fourche avant
lâchent d'un coup en pleine rue ! J'ai prévu un
petit kilo d'outils et de pièces détachées
pour pallier à la casse, mais pas celle-ci et encore
moins à la 4ème journée... je n'ai pas
de quoi changer les anneaux de fixations. Oups, la grosse boulette.
Me voilà avec mes sacoches dans une main, mon vélo
dans l'autre à la recherche d'une solution. Je trouve
mon bonheur dans un garage Renault de Lausanne (que je remercie
par l'occasion), puisqu'il me laisse forer des serflex dans
le sous-sol de leur atelier. Une demie journée de perdue,
mais je m'en sors bien : réparation express !
Les bords du Léman sont vraiment splendides
: pistes cyclables, bancs confortables, robinets d'eau fraîche,
baignade, on se croirait presque en vacances. Le parcours se faufile
entre le lac et les vignes, on traverse Pully, Vevey, Montreux,
que des villes très chics. Au loin se montre la dent de
Jamin que j'avais grimpée en hiver (dernière
étape de la traversée de la Suisse). Tout est
beau, presque paisible malgré la nuée touristique
de la période estivale. A Villeneuve, ville la plus à
l'Est du lac, nous dépensons nos premiers sous pour acheter
une glace et un paquet de gâteaux. Le bivouac est planté
vers Noville au bord d'une petite route : ce soir nous passons
la soirée face aux Dents du Midi perdues dans les couleurs
roses orangées de fin de journée.
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ETAPE 5
Villeneuve - Blancsex
25,1 km / 1670 md+ / 475 md-
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Le voyage commence véritablement
après 5 jours dans le Jura. Nous remplissons les sacoches
et les bidons dans la vallée du Rhône, aux Evouettes.
C'est parti pour 1000 mètres de dénivelé,
d'abord sur un chemin forestier assez raide qui donne de belles
vues sur le Léman, puis une sente pour rejoindre le lac
de Tanay. Un kil à vol d'oiseau, c'est 150 md+ en... 2
heures. Chaque mètre est un effort épuisant, obligés
de s'arrêter pour reprendre son souffle comme en haute montagne.
On pousse le vélo à bout de bras, je redescends
plusieurs fois aider Val qui monte en silence dans ce calvaire.
Pas de crise, pas de larme, je vois qu'elle est bien préparée
dans sa tête ! Bravo. A peine la sente redevient roulante
que je chute en évitant un randonneur, je me retrouve 15
mètres plus bas, sans bobo et je remonte sur selle.
Le déj au lac de Taney à
1408 mètres est salvateur, le décor est enfin alpin.
Malgré cette première grosse difficulté,
on se sent bien, physiquement et mentalement ! Ce genre d'efforts
nécessite des jambes, mais le mental est primordial : se
fixer un objectif et y parvenir. Etre en bas de la montagne et
arriver au sommet : c'est le défi quotidien de notre périple
! Les freins chauffent après le col de Taney, mais la montée
reprend ses droits, 400 mètres perdus (à plus 20%)
pour 600 mètres gagnés jusqu'au col de Blanc Sex.
Un quad nous double à toute allure, on est complètement
largués ! La dernière grimpette est périlleuse
et nous achève en arrivant au col. Nous sommes bercés
par le son des cloches toute la soirée, et les moustiques
attaquent à 21 heures précises. C'est l'heure de
partir au dodo, HS.
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ETAPE 6
Blancsex - Champéry
47,9 km / 1760 md+ / 2264 md- |
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On voulait partir tôt... on
décolle vers 10 heures après un long petit déj
au bivouac... puis un second au chalet de Blanc Sex, 100 mètres
plus bas. On profite de la source pour faire des cafés
à volonté... On dit que le petit déjeuner
est le repas le plus important de la journée, non ? On
finit les grosses parts de gâteau à la carotte que
l'on traîne depuis le début du voyage, nous voilà
enfin prêt pour cette journée ensoleillée.
La cadence est faible ce matin, entre les arrêts photos
et "fraises des bois". Vue dégagée jusqu'à
la pointe de Bellevue... qui porte bien son nom. A Morgins, haut
lieu du VTT de descente, on est un peu "décalé"
avec nos sacoches : on fait partie de la même famille des
2 roues, mais impossible de se comprendre ! Il y a une compèt
ce jour-là, les VTT dévalent les pistes à
fond en faisant des sauts légers et gracieux. Nous c'est
tout l'inverse, on a l'impression d'être sur un paquebot
en fin de course... les coups de guidon pour trouver l'équilibre
nous donnent un air de débutant !
On poursuit dans la vallée
de Morgins avec les sommets d'Avoriaz en ligne de mire, puis plein
Sud... Devant nous se dressent les Dents du Midi, paradis de la
rando, c'est sublime. L'après-midi est très sympa,
relativement roulante, 2 ou 3 coups de cul (petits mais costauds),
et enfin 30 minutes de descente non-stop vers Champéry,
du pur bonheur. Le vent rafraîchit la machine, car il fait
(très) chaud. Même les freins fument ! Arrivée
à 19h15. Ce soir, on dort... sous un pont à l'abri
des regards inquisiteurs, quel contraste avec ce village très
chic, où l'on ne trouve que des chalets en bois et des
4x4 Mercedes. Vive l'itinérance.
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ETAPE 7
Champéry - Barberine
47,2 km / 2190 md+ / 2068 md-
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Le départ de Champéry
est matinal, il faut avancer vite et bien, car on nous annonce
de gros orages. Le temps de liquider notre monnaie suisse pour
un petit bout de pain et de fromage (Dieu que la vie est chère
dans ce pays), nous voilà encore à crapahuter pour
contourner les Dents du Midi. Par bonheur, aucun trafic sur cette
petite route défoncée par les hivers rigoureux.
Un paysan nous explique qu'il y a 15 jours la route était
impraticable suite à de grosses chutes de neige. On profite
des jolies lumières du matin : ça chauffe déjà
sous le soleil. En quelques minutes, notre altitude passe de 1600
à 400 mètres, nous retrouvons la vallée du
Rhône. Je regarde la carte, le lac Léman que nous
avons quitté il y a 3 jours est à moins de 25 kils
à la même altitude ! Quelle folie ce voyage... vraiment
n'importe quoi, mais on adore (c'est ça le problème)
! Pour rejoindre Martigny, on suit une piste VTT en sous-bois,
idéal pour faire tourner les jambes.
Deux itinéraires s'offrent
à nous pour les 1000 prochains mètres de d+ en direction
de Finhaut : chemin ou route ? Cruel dilemme car les 50 lacets
(au départ de Vernayaz) sur piste en bord de voies ferrées
semblent atypiques, mais la raison l'emporte : la route est privilégiée.
Ce choix est le bon car on traverse des vergers : les pommes suisses
nous donnent quelques forces pour les efforts de l'après-midi,
sans oublier les fraises des bois et les framboises qui clignotent
en rouge au bord de la route. Gros dénivelé jusqu'à
Salvan et au Trétien. On récupère le chemin
forestier abandonné plus tôt, tout redevient calme
et sauvage jusqu'à Finhaut. Ce dernier longe le chemin
de fer qui relie Chamonix à Martigny, le Mont Blanc Express.
On se croit au temps des pionniers, surtout que s'enchaînent
les virages creusés dans la roche de la vallée du
Trient. En demandant notre chemin, on se retrouve vite attablés,
une bière fraîche à la main (ils paraît
que les bulles sont bonnes pour les sportifs). La vie est parfois
curieuse, notre hôte revient de 15 jours d'itinérance
vélo/parapente dans les Alpes du Sud... Bon vent pour la
suite ! Finalement, on descend jusqu'au Châtelard pour passer
la frontière. La nuit s'annonce agitée, nous dormons
dans un cabanon... réservé aux ânes ! A bien
réfléchir, nous sommes à notre place. Le
propriétaire nous conseille de bien fermer la porte, histoire
qu'un résident ne vienne dans la nuit nous faire des léchouilles.
Après un dîner Tuc/carottes, nous fermons les yeux
à 21 h.
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ETAPE 8
Barberine - Courmayeur
21,1 km / 360 md+ / 492 md-
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Quand les coches de 8 heures résonnent au
loin, il fait presque beau... à peine le temps de boucler
nos sacoches qu'il pleut. Un peu, beaucoup, à la folie,
passionnément. On hésite à mettre les voiles,
mais le ciel nous donne un (vague) espoir d'amélioration,
alors c'est parti... sous les ponchos ! Val porte à merveille
le rouge vif et moi le jaune canari, impossible de se perdre de
vue avec de si belles couleurs. Pour éviter de mouiller
les chaussures, je pars dès le début de journée
en tongues... C'est la grande classe au col des Montets, je fais
mon petit effet auprès des cyclistes. Mais j'avoue ne pas
avoir très chaud ! Je renonce aux sacs plastiques sur les
chaussures : résultat est peu convaincant, la pluie s'infiltre
et reste à l'intérieur ! Double peine... D'ordinaire
si majestueuses, les Aiguilles rouges sont bien ternes et le Mont
Blanc est plongé dans les nuages. Aucune visibilité,
quelle tristesse d'avoir fait tout ce chemin pour voir ce triste
paysage. La route de Vallorcine et de l'Argentière est
détrempée : pas vraiment le goût à
faire du tourisme ! On se pose dans un bar de Chamonix, histoire
de recharger les batteries (du téléphone) et de
passer le temps. On admire les trailers, enfin surtout leurs cuisses
de grenouilles bien musclées et moulées dans des
shorts fluos. De vraies publicités sur pattes ! On met
le nez dehors à 15 heures, direction la station de bus
: les vélos continuent le voyage dans la soute. Peut-être
que le temps sera meilleur de l'autre côté du tunnel
du Mont Blanc, chez nos amis italiens... qui sait ?
A Courmayeur, il ne fait pas plus beau, la pluie
nous rattrape après quelques coups de pédale, à
se demander s'il on est bien au mois d'août ! On se réfugie
sous le porche d'une résidence secondaire. L'endroit n'est
pas génial, on est en plein vent, mais à peu près
protéger de la pluie. On y passe les dernières heures
de la journée... et la nuit ! Nous sortons les couvertures
de survie et dormons sous les boîtes aux lettres. Un couple
nous réveille en sursaut à heures du mat : les malheureux
aussi surpris que nous, rentrent chez eux. Je baragouine trois
mots d'Italien en demandant si on ne dérange pas... "Non,
non, vous pouvez rester là !" En fait, on aurait préférer
dormir à l'intérieur, dans le couloir ou le local
poubelle... Nous restons dehors, livrés aux aléas
climatiques.
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ETAPE 9
Courmayeur - Refuge Elisabetta
Soldini
15,2 km / 975 md+ / 48 md-
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Dès l'aube, on file en douce
de notre abri de fortune, pas trop envie de se faire déloger
par un habitant mal luné ! La nuit a été
malgré tout plutôt bonne, même s'il était
difficile de fermer les yeux en même temps. La météo
est toujours incertaine, le ciel gris donne le départ dans
le Val Veni, les nuages menaçants ne sont jamais très
loin et le vent alimente les incertitudes de cette première
journée. La bise est froide ce matin, et quand la pluie
se met à tomber, elle frappe les mollets comme des billes
de plomb ! On trouve refuge dans une chapelle au bord de la route,
pas assez d'argent pour faire brûler un cierge, mais je
fais à toute hasard une petite prière pour demander
un moment de répit. Au fil de la journée, les nuages
montent en altitude et restent accrochés sur les cimes
des montagnes ; dans l'après-midi le soleil fait de franches
apparitions. On ne voit toujours pas le Mont Blanc mais les teintes
bleutés de glaciers en perdition (bye-bye Lex blanche,
Miage, Brenva et tous les autres) donnent du contraste à
ce paysage alpin. La route s'enfonce toujours plus dans cette
splendide vallée et se transforme en chemin. Dans ces conditions,
la montée est plaisante.
L'arrivée au refuge Elisabetta
Soldini (géré par le CAI) est plus raide mais rien
ne nous arrête. L'envie de planter la tente est forte mais
le vent glacial et l'humidité ambiante nous poussent à
passer la porte pour dormir au chaud... et prendre une bière
bien fraîche. Première nuit dans un lit après
9 jours de voyage et 480 kils, première douche chaude aussi.
Le gérant est toujours amusé de voir des VTTistes
passer par ce chemin, c'est sûr qu'avec nos sacoches, nous
sommes... "différents" ! Le soir, nous écrivons
nos mémoires sur du papier (les puristes !) alors que tous
les randonneurs tapotent avec frénésie sur leurs
tablettes connectées au wifi du refuge. La situation est
hallucinante... surtout qu'ils se battent presque pour recharger
leurs appareils sur les 2 prises électriques de la salle
principale. Aghhh technologie, quand tu nous tiens...
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ETAPE 10
Refuge Elisabetta Soldini - Refuge
du Plan de la Lai
21,7 km / 905 md+ / 1244 md-
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On est les derniers (ou presque) à se lever.
La grande salle est déserte, les randonneurs ont bravé
de bonne heure les mauvaises conditions. Un Anglais croisé
la veille revient au refuge complètement abattu après
une nuit sous sa tente, le pauvre bougre a l'air complètement
défait. On décide de partir sous une pluie intermittente,
les nuages se regroupent au fond de vallée... justement,
c'est notre destination : le col de la Seigne à 2 516 mètres.
La première partie est assez roulante, mais le terrain
est hyper gras, l'effort est violent car la roue patine. Difficile
d'avancer, mais une vingtaine de Chinois surexcités nous
encourage, pousse de grands cris dhystérie en nous
voyant en selle : les photos fusent. La scène est marrante
: il fait 5 degrés, ils sont emmitouflés dans de
grosses vestes de montagne alors que nous grimpons à plein
régime en t-shirt ! Nous passons le col dans un brouillard
épais, il ne fait pas plus beau en France : nous sortons
à nouveau les ponchos.
La descente vers le refuge des Mottets et la ville des Glaciers
est évidemment boueuse et glissante... Le contrôle
du VTT avec les sacoches à l'avant est aléatoire,
difficile d'éviter la glissade (chute sans gravité).
Bain de boue et fesses mouillées... mieux qu'une cure thermale
! Le panorama est limité à quelques centaines de
mètres de visibilité, autant dire que l'on ne voit
rien. Difficile de trouver un endroit pour se mettre à
l'abri, le fromage extra frais de chèvre de la bergerie
des Chapieux nous réconforte le temps d'une courte pause
déjeuner.
L'ascension au Cormet de Roselend (1 968 mètres)
se fait dans de conditions dantesques : moins de 25 mètres
de visibilité, nous sommes gelés au sommet. L'itinéraire
se modifie de lui-même en fonction des aléas : on
n'hésite pas une seconde pour rejoindre un refuge à
moins de 2 kils. La descente se fait par la route, les fesses
serrées de peur de se faire accrocher par une voiture,
les mains bloquées sur les freins et la frontale derrière
sur la tête ! Un faible halo rouge se distingue dans ce
paysage en noir et blanc, mais semble bien ridicule pour se faire
repérer de loin. L'accueil au refuge ne vaut pas celui
reçu la veille en Italie, j'ai parfois l'impression de
déranger ! Heureusement que l'on trouve un peu de chaleur
en prenant un grand verre de thé et nous passons l'après-midi
en jouant à des jeux et en bouquinant avec d'autres coéquipiers
d'infortune.
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ETAPE 11
Refuge du Plan de la Lai - Aigueblanche
51,3 km / 1425 md+ / 2731 md-
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La seconde nuit consécutive
dans un lit est régénérante, attention de
ne pas y prendre goût ! Mais le coup de la douche payante
pour un refuge situé au bord d'une route départementale
m'achève définitivement... je reste dans mon jus,
histoire de ne pas m'habituer à trop de luxe ! En revanche,
la très bonne nouvelle du jour est qu'il fait un temps
magnifique, pas un nuage ! On achète un bout de pain dans
un restaurant près du lac de Roselend avant de rejoindre
le col des Prés à 1 700 mètres, les jambes
peinent un peu ce matin. Le Mont Blanc se plante devant nous,
magistral, tout comme la Pierra Menta, plein Sud. Les eaux du
lac sont turquoises, on contemple quelques instants toutes ces
beautés que l'on ne pouvait distinguer la veille. On poursuit
l'aventure par le sentier botanique qui nous mène au lac
Saint-Guérin, puis au Cormet d'Arêches. La suite
est plus technique avec le passage de 3 cols à plus de
2300 mètres d'altitude (Col de la grande Combe, col des
Génisses et col des Tufs blancs). Il faut se résoudre
à pousser le vélo sur certaines portions car le
terrain ne se prête pas à la pratique du VTT sacoche...
ni VTT sans sacoche d'ailleurs ! Dur, dur, mais de nombreux passages
se font aisément, on passe de crête en crête
en survolant presque ces espaces verts, presque infinis. Le sentier
se faufile au loin dans les alpages et nous montre la bonne direction.
Le sol a absorbé les fortes pluies : le terrain est étonnement
sec et roulant jusqu'au refuge du Nant du Beurre.
Nous retrouvons la vallée
de la Tarentaise après une descente exceptionnelle : près
de 2000 mètres de d- sans donner un coup de pédale
(ou presque), le rêve absolu ! Ca descend vite, trop vite.
En quelques minutes, nous perdons le calme des montagnes pour
retrouver l'agitation de la ville : concert de klaxon, embouteillage
bruyant, bousculade pour faire ses courses à Aigueblanche
! La sauvagerie urbaine à l'état pur. Nous remontons
le canal du Morel pour poser la tente dans une aire de pique-nique,
la pluie refait des siennes mais personne ne viendra nous enfumer
avec son barbecue. Nous comptons les gouttes pour nous endormir
!
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ETAPE 12
Aigueblanche - St-Jean de Maurienne
61,6 km / 1915 md+ / 1901 md-
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Au réveil, la tente baigne dans une marre
d'eau de couleur marron et les matelas flottent presque ! Difficile
de se motiver pour partir surtout qu'une bruine épaisse
rend l'atmosphère lugubre : pour plus de gaîté
et de fantaisie, je sors le poncho jaune et les tongues ! Le soleil
se pointe dès la première grimpette (c'est-à-dire...
tout de suite), histoire de faire sécher les affaires suspendues
au vélo. Le chemin initialement prévu est fermé
suite à une avalanche (on ne lutte pas contre les éléments),
mais je n'arrive pas à savoir si le passage est réellement
bloqué... ou simplement "interdit" ! Dans le
doute, je bricole un itinéraire bis en regardant la carte,
on rejoint par les chemins Doucy et Celliers pour changer de vallée.
Nous voilà sur la route du col de la Madeleine (1 993 mètres),
tels des cyclistes du Tour de France... les sacoches en plus !
Faute de graisse, ma pédale couine à chaque tour,
ce qui ne m'empêche pas de rivaliser avec les vélos
de course. Je tiens la roue à certains, passablement énervés
d'ailleurs. Avec ses côtes à 10% et en plein cagnard,
on regrette presque la fraîcheur de la veille.
Au sommet, je sors la tente en plein vent, elle
sèche en quelques minutes, le temps que Val débarque
avec le sourire. Les nuages nous rattrapent à une vitesse
folle, ils sont énormes, noirs, menaçants... si
on ne se dépêche pas, on va avoir des problèmes
! A peine le temps de prendre la pose au sommet que nous revoilà
à foncer vers la vallée de la Maurienne : 20 kils
non-stop cheveux au vent. Oh yeah ! Les sensations sont extra,
on est grisés par la vitesse, nos batteries se rechargent,
on relâche les jambes. On se retourne : les nuages restent
sur la Madeleine, ça doit être le déluge là-haut.
Nous sommes plus rapides que l'éclair, on prend donc le
temps de ramasser quelques prunes sauvages et de s'aventurer sur
les bords de l'Arc. Les endroits pour installer le bivouac sont
rares, alors on continue jusqu'à Saint-Jean de Maurienne
pour poser les vélos sous les tribunes du stade municipal.
L'endroit n'est pas génial mais nous protège partiellement
de la pluie. De toute façon, la nuit sera courte, car le
réveil est matinal...
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ETAPE 13
St-Jean de Maurienne - Abri de
Malpasset
35 km / 1730 md+ / 534 md-
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Allongés sur les gradins,
le réveil se fait en fanfare à 6 heures précises.
Un employé de la commune serpente la pelouse sur sa tondeuse
! On lui fait un salut amical de la main avant de quitter les
lieux en quelques minutes (les vélos étaient près
à partir). Petit tour par la boulangerie pour faire le
plein de sucrerie. Après 3 kils de single très roulant
sur les bords de l'Arvan, on attaque fort sur un chemin forestier
entre 6 et 10% au dessus de la Combe des Moulin. Visiblement,
la piste est peu fréquentée, des herbes d'un mètre
de haut envahissent notre terrain de jeu, dignes d'une vraie jungle.
Dans la dernière ligne droite, un arrêt framboise
s'impose pour les explorateurs que nous sommes. Une dame qui nous
demande d'où nous sortons, nous offre un jeu d'orange...
Sympa. Un banc face aux Aiguilles d'Arves nous force à
une pause déjeuner (même s'il est 11 heures). Le
banc est un luxe pour le voyageur... je me rappelle toujours de
ces cyclistes qui trimbalaient un mini fauteuil pliant pour se
reposer le dos. J'avais trouvé l'idée folle... à
l'époque ! Sous un soleil de plomb, les 300 mètres
de dénivelé jusqu'au col du Mollard sont éprouvants
mais le corps s'habitue à l'effort et les jambes tournent
toutes seules. On rejoint la route en direction de Saint-Sorlin
d'Arves (sur les bords de l'Arvan... encore un joli détour
!) avec une idée fixe : trouver cette coopérative
qui vantent ses fromages depuis plusieurs kils. Les publicités
aguicheuses font effet : on ne résiste pas aux clins d'oeil
de ces chèvres ou à ces belles fesses de vaches
laitières ! Le sort des fromages frais et des faisselles
est scellé en quelques minutes, le temps qu'une grosse
averse rafraîchisse l'air ambiant.
La Transmaurienne débute aux
Charmieux (1600 m) et trace une ligne quasi droite sur 30 kils
plein Sud : nous sommes coincés entre l'Oisans et la Vanoise,
le paradis ! Le début de la piste est presque trop facile,
trop beau, trop parfait ! Après avoir traverser 2 ponts,
le chemin devient un immense champ de bataille : les montées
sont très raides, mais surtout la boue ne permet pas de
rester plus de 15 mètres sur le vélo. Très
souvent, on pousse. Il est impossible de traverser un ruisseau
sans avoir de la boue jusqu'aux chevilles, la pluie a creusé
des ornières de plusieurs centimètres où
l'eau stagne. Impraticable ! Le plaisir est dur à trouver,
malgré la beauté des montagnes qui nous entourent.
On se dégotte tout de même une cabane féerique
(Malpasset sur les cartes IGN) pour passer la nuit. A moitié
détruite, il faut escalader un bout de mur et enjamber
une forêt d'orties, mais l'intérieur est cosy : ce
soir on dort sur la paille ! Un taureau nous rejoint pour la soirée
et se met à lécher les bidons restés sur
les vélos... c'est comme un pitbull qui se soulage sur
tes chaussures, tu le laisses finir !
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ETAPE 14
Malpasset - Ch. Prés nouveaux
3,6 km / 420 md+ / 27 md-
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Si vous êtes attentif, vous avez noté
les 3,6 kils réalisés lors de cette 14 ème
étape, oui... oui... sur une journée entière
! Vous ne rêvez pas. Si je vous dis que ce fut la plus dure
physiquement et mentalement de notre voyage, hein ?! Notre moyenne
kilométrique en prend un sérieux coup, surtout que
l'on met 4 ou 5 heures pour une distance cumulée sur le
vélo qui ne dépasse pas 100 mètres ! Pour
les 3,5 kils restants, on fait du pousse-pousse les pieds dans
la boue, à la montée évidemment, sur le plat
bien sûr... et même à la descente. Chaque mètre
est une victoire au prix d'intenses efforts, les 30 kilos du vélo
sont alourdis par une boue qui s'agglutine au niveau des passages
de roue, nous obligeant à gratter de gros paquets de mélasse
tous les 10 mètres. Le vélo prend des directions
insoupçonnées, les chaussures glissent sans arrêt.
Un pas en avant, un pas en arrière.
Pour la première fois, on en a vraiment marre, à
ce demander ce que l'on fait ici, au milieu de nulle part. Du
vélo ? Certainement pas ! Des vacances ? Non, plus. Pourtant
à bien réfléchir, nous avons décidé
d'être là, nous avons façonné notre
voyage, chaque coup de pédale est un bonheur sans équivalent.
Le problème est que dans notre situation, on ne pédale
pas...
Cette journée de folie se prolonge après
le chalet de Borsa par un sentier de rando qui grimpe en lacets
très resserrés, autant dire que ça monte
fort, quasi à la verticale sur 350 md+. Bonne action du
jour : on aiguille un couple de Hollandais (avec 2 enfants et
1 âne) complètement paumé... je me rassure
quant à mes capacités en lecture de carte ! Le kilomètre
suivant est presque plat, mais l'on pousse sans plaisir sur un
terrain pataugeoire ! On profite de notre après-midi au
soleil, toilettage perso et nettoyage des fringues dans le ruisseau.
On s'installe au chalet des Prés nouveaux, entre 2 poutres
posées au sol et un mur effondré, l'édifice
est une ruine... et donne le coup de grâce de notre journée
!
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ETAPE 15
Chalet des Prés nouveaux
- Col Nazié
19,1 km / 680 md+ / 908 md- |
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Après un tour complet de cadran,
on se lève à 7h45 ! Le vent qui est entré
de toute part dans le "chalet" a séché
toutes les fringues. Autant dire que ce matin, on est gonflés
à bloc et les 175 derniers mètres de dénivelé
pour atteindre le col des Prés nouveaux sont avalés
en quelques minutes. Le panorama au sommet est exceptionnel :
une vallée de plusieurs kils s'étend devant nos
yeux, avec d'un côté de verdoyants pâturages,
de l'autre une immense dalle de schiste illuminée par le
soleil (échine de Praouat). Cette même roche grise
qui semblait si terne hier, prend un aspect lumineux et chromé.
Stupéfiant. Nous sommes au coeur de l'Oisans et des grandes
Rousse, les Ecrins se dessinent plein sud ! Nous descendons jusqu'à
la rivière la Valette, 400 mètres plus bas pour
une pause de 3 heures ! Au menu, contemplation des montagnes et
baignade (nu intégral... les marmottes s'en souviennent
encore !). Le vélo fait également trempette, aujourd'hui
le terrain est sec ! De loin, le sentier qui prend une direction
sud semble parfait, mais une fois de plus le rêve était
trop beau. Après quelques coups de pédale, il se
révèle défoncé et difficilement roulable
: les vaches et la pluie ont transformé le sol, des millions
de trous se sont figés avec soleil, c'est ce que l'on appelle
un terrain à vaches. Le vélo saute dans tous les
sens, la roue avant se fige souvent et il est impossible d'avancer
en ligne droite.
On quitte sans trop d'encombres ce
terrain miné pour faire nos courses à Besse-en-Oisans
(que des produits locaux, le pain et la charcuterie sont un véritable
délice). On débute le plateau d'Emparis avec une
certaine impatience en posant le bivouac au col Nazié,
où nous attendent 1500 brebis et leur berger. Belle rencontre
à 1902 mètres. La soirée est paisible, les
couleurs du coucher de soleil sont sublimes une fois de plus.
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ETAPE 16
Col Nazié - Chazelet
15 km / 700 md+ / 807 md-
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Encore une belle nuit sous la tente, sans une goutte
d'eau. En quelques coups de pédale, on passe rapidement
au dessus de la mer de nuage pour arriver sur le plateau d'Emparis
à plus de 2000 mètres d'altitude. Devant nos yeux
s'étendent de vastes prairies fleuries, qui rappellent
les steppes verdoyantes d'Asie. Le paysage est façonné
par des millénaires de pastoralisme : ici, les troupeaux
sont rois, les bergers et les patous surveillent. Le crochet vers
les lacs Noir et Lérié démultiplie la magie
du panorama : la Meije et ses glaciers se reflètent dans
ces eaux pures et cristallines. On aimerait des pauses infinies
au bord du GR 54... le 7ème ciel ! Le déjeuner prend
place devant la barre des Ecrins, on pourrait presque toucher
de la main ces sommets qui trônent au dessus d'un vide abyssal
de 1200 mètres.
La montée jusqu'au col du Souchet, 2 364
mètres, est un peu raide, mais nous restons sur le vélo.
Au sommet, on rencontre Benoît, accompagnateur en montagne,
qui sensibilise les randonneurs quant à leur comportement
vis-à-vis des patous (chiens de bergers). Il nous fera
une belle interview pour le film, merci. Le sentier très
roulant et idéal pour le VTT en itinérance, et offre
une sensation incroyable. La descente sur le Chazelet par un single
est plus technique que physique, le vélo secoue beaucoup
surtout avec les sacoches à l'avant (quelques ornières
et grosses pierres). L'arrivée se fait sous la pluie, on
est obligés de s'abriter dans un local poubelle. Au final,
on restera deux jours... (pas dans le local) "chez Baptiste",
une auberge-gîte très sympa. Mais à force
de pleuvoir, va-t-on finir par rouiller ?
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ETAPE 17
Chazelet - Col des Rochilles
34,3 km / 1610 md+ / 1052 md-
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Après deux jours de repos
forcé, le départ se fait sur les chapeaux de roues.
L'air est frais, le temps toujours capricieux : les ponchos sont
sous la main. Pour rejoindre le lac du Pontet, nous prenons le
chemin de Valfroide, hameau perdu au fond d'une petite vallée
au dessus de la Grave, puis un sentier vraiment raide jusqu'à
un joli belvédère. Pas le temps d'avoir froid. Le
lac ne brille pas vraiment dans un écrin de verdure, le
soleil fait une rapide apparition avant d'être avalé
par des nuages gloutons. La suite relève plus du parcours
aventure que de la balade cyclotouristique, je suis assez fier
d'avoir ouvert un nouveau tracé VTT entre le lac du Pontet
et le col du Lautaret : très difficile, mais très
beau. Le petit plus est la traversée d'une ravine de schiste
friable sur 50 mètres, les vélos sont trimballés
à bout de bras suspendu dans le vide. Mémorable
!
On récupère le sentier
botanique du Lautaret où s'érige une plateforme
sur pilotis qui fend les herbes hautes... on évite les
coups de guidon trop brusques sinon c'est la sortie de route assurée,
50 cm au dessus du sol ! Au col, à 2057 m, il se met à
pleuvoir, on attend à l'abri. Une passante nous voyant
recroquevillés sous nos ponchos, nous dit qu'on lui fait
de la peine. Décidemment, on a du mal à cacher notre
joie car le voyage est fantastique ! Val a le sourire en toute
circonstance, chapeau ! La pluie s'arrête un instant, on
remonte sur nos montures et on met le turbo pour faire les 8 kils
du Galibier. Un peu déçu, je m'attendais à
un col beaucoup plus éprouvant ! Par contre à 2642
mètres, les conditions sont folles, Val pose son vélo
et se fait littéralement soufflé par le vent. On
croise bien deux ou trois cyclistes un peu dingues à la
frontière entre la France et la Savoie, on ne prend pas
vraiment le temps de discuter. Trois petites photos et puis s'en
vont. On descend dans le brouillard et le froid jusqu'à
Plan Lachat avant de remonter en direction du col des Rochilles.
Visibilité quasi nulle dans le massif des Cerces, dommage.
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ETAPE 18
Col des Rochilles - Lac pont Baldy
42,2 km / 490 md+ / 1495 md-
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Chaque jour réserve son lot de surprises
: nous avons fini la journée d'hier dans un épais
brouillard, nous nous levons avec un franc soleil ! Pendant notre
petit déj, nous regardons les nuages se dissiper devant
les Aiguilles d'Arves, cette énorme masse cotonneuse se
fait litéralement aspirer et se volatilise à vue
d'oeil. On termine les quelques mètres restants pour passer
le col des Rochilles à 2496 m, tout devient fabuleux. Les
eaux turquoises des lacs resplendisent avec le soleil, le chemin
est fabuleux. A 9 heures, on reprend un café, histoire
de ne pas commencer la journée trop vite. On fait bronzette,
la classe ! La descente jusqu'au refuge des Drayères est
un peu plus chaotique, le sentier est cassant et parsemé
de caillasses. Val nous fait d'ailleurs la seule crevaison du
voyage... je la soupçonne de voir une pause supplémentaire,
elle est prête à tout !
La vallée de la Clarée est fidèle
à sa réputation... sublime ! Elle faisait partie
des endroits que je voulais absolument traverser pendant ce voyage.
Et dire que la veille nous étions là-haut dans le
brouillard... Aujourd'hui, on sort la crème solaire et
le t-shirt. Les pauses sont infinies avec une impression d'être
dans un autre monde, tout est paisible, harmonieux, naturel, immense.
Difficile de décrire une telle merveille. Aucun effort
à fournir pour descendre la vallée jusqu'à
Briançon. Le petit bout de RN est sans intérêt
mais inévitable. Quelques achats pour remplir les sacoches,
puis on repart à l'aventure pour poser la tente près
du torrent de Cerveyrette.
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ETAPE 19
Lac pont Baldy - Clot Henri
48,2 km / 2125 md+ / 1410 md-
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Attention, très grosse journée
(la plus énorme du voyage avec 2125 md+), mais ça
on ne le savait pas le matin même ! Pour trouver une épicerie
à Cervières, on repassera... Voilà devant
nous le mythique col du tour de France : l'Izoard est devant nous,
en haut... tout là-haut ! Aujourd'hui, c'est la folie des
klaxons, tout le monde nous encourage. Beaucoup de cyclistes nous
doublent, certains prennent le temps de discuter, d'autres bombardent
sans dire un mot. Les vélos électriques montent
sans effort, je me mets en danceuse histoire de décontracter
les jambes. Au sommet à 2340 m, une maman me félicite
"Bravo, vous montez bien" ! De peur de rougir, je mets
un peu crème solaire. Val se défend pas mal, 15
minutes de retard sur le maillot jaune (le pancho canari est au
fond de la sacoche). La descente par la Casse du Désert
est lunaire, le déjeuner se fait sur un banc face à
ce panorama d'exception. La suite est plus paisible par le lac
de Roue, puis gourmande avec les faisselles de Château-Queyras.
La journée aurait pu s'arrêter
à cet instant, vers 17h mais le destin en a décidé
autrement avec 11 km de montée et 800 md+ supplémentaires
sur une piste forestière jusqu'au Bucher. On trouve même
le temps d'interviewer Oscar, un bûcheron à la retraite
qui nous parle de ses mélèzes. Toute une histoire.
On débarque au refuge du Clos Henri, où cinq jeunes
randonneurs nous accueillent. A peine le VTT posé, que
l'on a les pieds sous la table. Nous dévorons avec plaisir
et camaraderie saucusses, côtelettes et salade verte. On
est véritablement affamé, nous sommes plus que jamais
des carnivores. Les restes ne... restent pas ! Super soirée
et nuitée à l'intérieur de ce petit refuge
en bois !
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ETAPE 20
Clot Henri - Chalet Elisabeth
12,3 km / 620 md+ / 482 md-
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Le petit déj est copieux, jus d'orange,
lait, brioche au nutella, compote. Depuis combien de temps n'a-t-on
pas eu un festin pareil ? En tout cas, ça change du pain
au miel et des pâtes 3 minutes que l'on déguste depuis
trois semaines. Cet instant de partage complètement improvisé
est mémorable ! La matinée est zen : une fois nos
camarades de jeu partis, nous commençons un décrassage
intégral à l'eau froide de la fontaine (ça
réveille) et un nettoyage des fringues (ça ne fait
pas de mal) ! Le refuge est si mignon et parfait qu'on se verrait
presque rester plusieurs jours dans notre nouveau pied à
terre. Dommage que les provisions soient limitées dans
nos sacoches... On a du mal à remonter sur selle, surtout
que des badauds intrigués viennent nous rendre visite.
Bienvenue, vous êtes chez nous, vous voulez un verre d'eau
fraîche ?
La descente dans la vallée de l'Aigue est
GE-NI-A-LE sur un single track très roulant. Avec étonnement,
on passe facilement avec les sacoches dans tous les virages serrés,
l'habitude peut-être ?! Au bord du sentier, les fleurs brillent
de mille couleurs. A Molines, on s'achète 1,5 kg de pain,
du fromage et de la charcut pour les jours à venir (il
va falloir des forces, oups), puis on continue par le pittoresque
village de Saint-Véran, l'un des hauts d'Europe à
plus de 2000 m. On termine la journée un peu plus loin
dans la vallée sous un abri. Que la chapelle Sainte-Elisabeth
nous bénisse. Les averses successives coupent notre élan
et donnent des couleurs à la soirée. Super journée,
même si ce n'était pas très violent !
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ETAPE 21
Ch. Elisabeth - Ch. Ollivier
17,1 km / 785 md+ / 903 md- |
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Réveil brumeux et frisquet
avec une légère bruine en direction du refuge de
la Blanche à 2499 m : 4,50 € les 2 jus de chaussette
froids, j'ai failli sortir la CB ! La gérante ne connait
pas le coin, je lui demande s'il est préférable
de passer le col du Blanchet/Rocca blanca (à 2900 m) ou
le col de la Noire à (3000 m). Elle me regarde avec stupéfaction
: plus de chance d'opter pour la meilleure solution à pile
ou face ! Je reste sur mon itinéraire initial... bien hard
pendant 2h30 ! Au sommet à 2897 m, ça caille, ça
souffle et la brume s'invite ! On reste deux minutes montre en
main, le temps de faire une photo et de réparer mes attaches
de porte-bagages ! On déjeune en Italie sur une pierre
avant de revenir en France, le soleil est presque avec nous quand
il n'est pas derrière les nuages. Il reste quelques névés,
obligés de pousser le vélo.
Un col de plus, le Longet à
2650 m et nous voilà à la source de l'Ubaye, un
endroit magique, très plat, très roulant, très
beau. Quelle sérénité ! La descente se passe
bien jusqu'au drame, un bruit résonne dans le cadre du
VTT... aille... le dérailleur pendouille dans les rayons
de la roue arrière. Je tate les rayons un par un, par chance
aucun n'est cassé. Je répare comme je peux en enlevant
des maillons de chaîne, mais je n'ai pas de patte de dérailleur
(à part des 3 minutes...). Et puis la vis est tellement
serrée qu'il est impossible de l'enlever avec mes outils.
Pfff ! Un pierrier pimente la fin de journée car il n'y
a plus de sentier, complètement enseveli : il nous faudra
1 heure pour avancer de 300 mètres, misère ! Nous
tombons sur un chalet d'alpages avec une vue imprenable sur la
vallée. Au lit avec les petites souris !
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ETAPE 22
Chalet Ollivier - Jausiers
25,7 km / 65 md+ / 935 md-
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Journée descendante jusqu'à Jausiers,
on ne fait que 65 mètre de d+. Comme quoi la chance nous
sourit... Sans dérailleur arrière, dur de pédaler
! Je tente un bricolage avec la perceuse électrique d'un
ouvrier à Maurin, en vain. Il me reste une vitesse : "vous
êtes le maillon faible, au revoir" ! Le chemin devient
une route départementale, puis nationale, avec ses flots
de voitures et de motos. Je peine à trouver le bon rythme,
trop facile je mouline comme un fou, trop dur je pousse le vélo.
A Jausiers, je file direct dans le seul magasin de sport : 2 jours
pour commander la pièce... 2 jours pour se faire plaisir,
l'après-midi c'est glace, le soir c'est pizza et bière
! Après 3 semaines sur le vélo, il est difficile
de remettre les pieds sur terre, on est comme perdus, orphelins
! On se trouve des occupations, on glande au soleil, on mange,
on prend des douches chaudes au camping, on visite le centre ville
et les églises... un 2ème voyage "grand luxe"
commence ?
Alors histoire de se reposer, on décide
faire une petite rando pédestre à la Tête
de Cuguret, un sommet à plus de 2900 m qui domine la vallée
de Jausiers qui se fait en aller retour à la journée.
Rando assez simple où il faut mettre les mains sur la partie
sommitale... du 4a, non ? Facile après le Mont Aiguille
! Le changement de rythme est bénéfique pour le
corps et la tête, et les jambes se relâchent, on décompresse
réellement. Une fois que la patte de dérailleur
est remontée, on a une caisse d'enfer, prêts à
continuer notre lune de miel à fond les vitesses !
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ETAPE 23
Jausiers - Ferrero / Ferrière
45,8 km / 2080 md+ / 1420 md- |
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L'arrêt forcé à
Jausiers modifie quelque peu l'itinéraire prévu
: passer par le col de la Stroppia nous obligerait à un
détour trop important par le Nord. Je décide de
grimper le col de l'Arche, à 1996 m pour rejoindre l'Italie.
Viva Italia ! Le nouveau tracé n'est ni plat, ni direct,
à croire qu'on le fait exprès. On remonte donc l'Ubayette
en passant par le fort de Roche Lacroix, un peu de culture ne
fait pas de mal. Ici l'histoire est façonnée par
la géographie où les Français et les Italiens
défendaient leur frontière en haut des montagnes.
Le sentier se rétrécit au fil des kils avant de
ne plus exister, obligés de traverser la rivière
à pieds, 50 cm d'eau froide jusqu'au genou. C'est dans
cest moments qu'il ne faut pas lâcher le vélo, ni
les sacoches... même si l'eau est gelée !
On poursuit par le vallon du Lauzanier,
loin de la route principale. Le paysage est incroyable, on est
aux portes du Mercantour (une première pour moi). Au col
de l'Arche, l'arrêt est obligatoire chez Mateo vendeur italien
de fromages italiens. La petite souris Val grignote dès
que j'ai le dos tourné... on se régale. On fait
du yoyo : belle descente jusqu'à Bersezio sur une route
nationale puis belle montée en fin de la journée
jusqu'à Ferrero, village perdu en altitude. Quelques habitants
sont bien heureux de nous voir arriver : on a le droit au verre
de vin et à l'apéritif. Accueil très sympa.
On bivouaque à l'écart du village avec le col que
nous allons gravir le lendemain, chaud ! De beaux rêves
en perspective.
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ETAPE 24
Ferrero / Ferrière - Fiandin
38 km / 675 md+ / 1801 md-
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Le ciel est dégagé et le Becco Rosso
en ligne de mire. Au départ, le sentier monte bien, mais
on reste sur la selle, le sommet semble à porter de main.
C'est sans compter sur une belle descente dans un vallon que l'on
ne voyait pas... Tout le dénivelé perdu en quelques
minutes sera à reprendre avec une difficulté puissance
10 : 450 md+ de pente hyper raide et cassante, 15 lacets interminables
avec des parties herbeuses qui nous achèvent ! Dur, très
dur ! Mêmes les myrtilles ont un goût amer... Pour
la première fois, la fatigue se fait ressentir, on est
complètement cuit au sommet, même si l'endroit est
vraiment magique et que le soleil est de la partie !
Affamés et épuisés au sommet,
on mange comme 4 (alors que d'habitude on mange comme 3 !) Ce
moment de calme nous redonne un peu de mental et de force pour
repartir. Après une courte sieste, les voyants passent
au vert, bingo c'est reparti ! L'après-midi est plus réjouissante
avec des vues alpines magnifiques sur la vallée de la Stura.
Le sentier est plaisant à descendre, 800 md- avalés
en quelques minutes de pur bonheur, cheveux au vent, oooh yeahhh
! Pour une fois, ce sont les bras et les doigts qui fatiguent...
à force de freiner ! La suite du parcours se passe sur
de petites routes de la vallée. Le temps de faire des courses,
nous nous posons à Fiandin dans une ferme abandonnée.
Ce soir, la paille remplace le matelas pneumatique pour notre
meilleur confort !
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ETAPE 25
Fiandin - Col de Tende
47 km / 2395 md+ / 1252 md- |
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Nous quittons notre hébergement
tout confort pour débuter la journée avec une grimpette
au col de Madona, facile et très agréable. Les tifosis
italiens font des coucous par la fenêtre de leur voiture
aux deux extraterrestres à VTT... Sympa et bonne ambiance
! La descente vers Valdieri est tout aussi plaisante avec une
succession de lacets, avant de prendre un chemin en bord de forêt
et de rivière jusqu'à une aire de picnic. Là,
les grillades sont de sortie mais pas pour nous, hélas,
car la suite est grimpante jusqu'au col de Goderia. J'image qu'une
saucisse nous aurait donner des ailes... Le soleil n'est pas de
sortie, mais le temps est lourd : grosses suées !
On débaroule dans la vallée
de Limone Piemonte par des singles très roulants. Les deux
cols de la matinée nous ont ouvert l'appétit : dégustation
sur un banc d'un melon jaune et de yaourts (c'est meilleur par
4) surtout que la route n'est pas encore finie pour aujourd'hui.
Direction : col de Tende.
Pas mal de voitures jusqu'au tunnel de Tende, pas mal de fous
du volant ! Il reste une heure de montée pour le col soit
500 md+, les derniers mètres sont durs, fatigue aidant
et vent de face n'aidant pas. On pose la tente en France. Le spectacle
est sublime : le vent souffle et fait tourbillonner les nuages.
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ETAPE 26
Col de Tende - La Brigue
40,7 km / 730 md+ / 1579 md-
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Le vent s'est calmé, l'Italie est sous les
nuages tandis que la France rayonne, on déjeune au soleil
avec le panorama sur les Alpes du sud. Le départ est laborieux...
même quand le chemin militaire desend. On longe des crêtes
et distingue clairement l'ancienne route du col de Tende et ses
48 lacets : l'arrivée au sommet est vertigineuse. Les forts
de la Marguerie et de Val Castérino se dressent fièrement
en haut des montagnes. On alterne entre forêts et passages
aériens ; au loin les montagnes sont toujours plus belles
: le Mercantour est à portée de pédale, mais
interdit aux vélos, dommage. La vallée des Merveilles
est un paradis, mais il attendra notre retour. On dévale
les 1250 mètres en un (trop) court instant pour se rendre
à Tende, histoire de remplir les sacoches. On arpente les
ruelles pavées toujours à vélo, difficile
de poser le pied au sol. Une petite pause, et ça repart
!
On poursuit par la vallée de la Roya pour
reprendre plein Est vers la Brigue, petit village pittoresque
coincé entre deux montagnes. Les pavés font sauter
les vélos dans tous les sens, presque aussi technique qu'un
single track ! Et nous ? On est toujours en selle, comme dans
un rodéo... A 17 h, notre Dame des Fontaines ferme ses
portes, j'ai juste le temps de jeter un oeil aux immenses peintures
avant que les portes se ferment, décor incroyable ! La
visite vaut le détour. Je suis à la peine en fin
de journée : plus de jus pour grimper et moins de 4 km
en une heure, j'aurais mieux fait à pied ! Val donne le
ryhtme pour trouver le coin du bivouac. Dodo au bord du chemin.
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ETAPE 27
La Brigue - Mont Torrage
17,7 km / 1110 md+ / 646 md- |
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Petit déj rapide, on poursuit
la montée avec une facilité déconcertante
: les jambes sont revenues. On tient même la roue de VTTistes...
qui n'ont pas de sacoches ! C'est la forme olympique pour circuler
sur les crêtes franco-italiennes, à partir de la
Baisse de Sanson, à 1700 mètres. On rencontre Francis,
un berger de 67 ans, une des figures marquantes de notre voyage.
L'homme a du caractère, de la passion, de la fougue, il
aime ses chèvres briguasques plus que tout. On lui parle
du loup, lui en veut, mais dans les jardins de l'Elysée
! On lui prendra un fromage, un délice !
Après le déjeuner au
sommet du mont Peïrevieille, nous sommes les rois du monde
: on a vue sur la mer. Cette journée est la plus palpitante
de notre traversée : le chemin creusé dans la roche
fait 50 cm de large, d'un côté la montagne, de l'autre
le vide. Le passage est risqué, aérien, réellement
prenant et extraordinaire avec deux câbles de via ferratas.
Le sentier est plus technique que difficile, beaucoup plus roulant
qu'il n'y parait. La fatigue prend le dessus alors que la descente
est simple, et engendre une succession de fautes techniques. On
s'arrête pour la nuit au bord du chemin. Le bivouac est
posé dans les herbes hautes, la soirée est lumineuse
face à la mer Méditerranée. Personne à
des kilomètres.
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ETAPE 28
Mont Torrage - Olivetta
36,8 km / 810 md+ / 2295 md-
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Ce matin, il n'y a plus grand chose à manger,
plus de café, juste 1 litre d'eau. Le ciel se couvre à
vue d'oeil, les belles lumières du soleil sont absorbées
dans les nuages gris, on repart sur notre sentier en flan de falaise
avec quelques gouttes. A peine le temps d'arriver au refuge de
Muratone qu'il tombe des cordes. On reste 3 heures sous une tôle
branlante de 4m² bien utile, surtout pour remplir les bidons
! Pas grand chose à faire à part blaguer et boire
des infusions pour se réchauffer, l'eau coule à
profusion. Il ne fait pas chaud alors que le refuge de Muratone
est à quelques mètres de nous, fermé.
Une fois le déluge passé, on reste
dans la brume, le chemin est gorgé d'eau, les ornières
sont remplies à ras bord, les pieds pataugent dans des
marres de boue ! Joli single très glissant pour descendre
dans la vallée de Saorge, mais impraticable avec nos vtt
trop lourds ! Je tente des cabrioles et figures artistiques dignes
d'un spectacle de clowns. Bonne rigolade avec un taux d'humidité
de 200 %. Enfin le sentier se calme, on se met au soleil sur le
pont du Castou, pour sécher les affaires. Puis direction
Breil-sur-Roya et Olivetta et dodo dans les oliviers.
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ETAPE 29
Olivetta - Castellar
24 km / 1230 md+ / 665 md- |
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On quitte la route de la Roya pour
revenir en France avec une belle pause gourmande : les mûres
nous appellent au bord de la route. Direction : Sospel qui n'aura
aucun intérêt, sauf celui de remplir nos bidons.
Un gars nous explique par où passer en disant qu'il fait
souvent le col à VTT... vu le gabarit, je ne doute pas
de notre réussite ! Il fait frais pour ces 2 heures de
montée jusqu'au col de Scuvion, 1154 m. Là-haut,
c'est la déception car on avait réservé la
vue sur la mer, mais la brume s'est invitée. On déjeune
avec nos doudounes !
Après le col du Razet, le
petit single en sous-bois est très sympa surtout que le
soleil revient. Tout roule sur le GR 52, même si une grosse
descente sur cailloux tétanise les bras et casse le dos.
On pose la tente vers la source du Merle, sur un terrain en terrasse,
à coté d'une bergerie. On ramasse 2 kilos de prunes,
bon pour le transit ! Pour la première fois, on fait une
sieste d'une heure au soleil. On est crevé mais on est
heureux. Toutes les bonnes choses ont une fin : devant nous, il
n'y a plus de route, c'est la mer...
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ETAPE 30
Castellar - Nice / Lyon
53,9 km / 585 md+ / 1358 md-
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Dernier réveil au paradis. Ce petit déjeuner
sur les hauteurs de la Méditerranée est grandiose,
tout est si beau et tranquille. La mer scintille et se confond
avec la ligne d'horizon. Les jambes sont un peu lourdes, mais
nous aurions pu continuer ce voyage à travers les montagnes
pendant des semaines encore. Le dos tire, les bras sont lourds,
mais les jambes sont au top ! Au bord de la mer, il n'y a plus
vraiment de difficultés, à part slalomer entre les
voitures et éviter les touristes en short. Sur la côte,
il fait beau, il fait chaud, il sentait bon la... transpiration
! Nous déjeunons sur un banc à Monaco, 4ème
pays traversés : quel luxe inutile ! L'ombre de notre palmier
n'a pas plus de valeur que celle d'un mélèze du
Queyras ou d'ailleurs. La mer est belle, calme, et vient se briser
sur la côte. Nous continuons de pédaler.
Cette balade en bord de mer est plaisante, Menton,
Cap Martin, Monaco, Beaulieu, St-Jean Cap Ferrat... des noms qui
font rêver. L'air est chargé d'iode, on fait trempette
les pieds dans l'eau, mais le vélo n'est jamais bien loin.
A Nice, la promenade des Anglais et le centre ville sont bien
sales et tristes. Nous ne sommes plus que deux grains de sable
perdus sur la plage, errant quelques heures dans les rues.Nous
rentrons à Lyon en train après un mois d'émotions.
Vive l'itinérance à vélo !
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Dénivelé étape par étape
Les grandes étapes :
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Toutes les photos de la traversée
intégrales des Alpes à VTT
Transalpes et Intégralpes
Cartes & parcours
au jour le jour
GPX / KML : traces pour GPS
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# partie 1
: transalpes
genève - nice
# partie
2 : paradis suisse
genève - davos
# partie 3 :
en route pour les dolomites
davos - cortina d'ampezzo
# partie 4 : alpes
juliennes & balkans
venise - cortina - ljubljana - istanbul
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